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Séchage des produits alimentaires aux abords des voies : la mort dans les assiettes

Les abords et chaussées bitumées sont transformés en aires de séchage des produits alimentaires. Dans beaucoup d’agglomérations de notre pays, ce spectacle est désolant. La santé humaine et animale est ainsi exposée au grand dam des structures en charge de contrôle et de la réglementation des denrées alimentaires.

A Tchakpa-Issa comme dans bien d’autres localités telles que Monè, Founga, Anoum, Wèwè-Wèwè, dans le département de la Donga , Kpassatona, Gbétébou, dans la commune de Tchaourou, Sirarou, dans la commune de N’Dali  (Borgou) à Paouian, à Dassa, dans les Collines, et dans plusieurs localités du Bénin traversées par le goudron, les populations riveraines prennent d’assaut les abords et même les chaussées des voies pour en faire les aires de séchage des denrées alimentaires. Lesquelles denrées font partie des habitudes alimentaires quotidiennes des populations des villes et campagnes.

Ces produits vivriers subissent sous le regard impuissant des consommateurs, la pression de la poussière, du soleil, de l’eau, des excréments des hommes et surtout des animaux tant sauvages que domestiques en divagation. Aussi faut-il le souligner, le sang et autres liquides toxiques dus aux accidents de circulation peuvent être lessivés et transportés par les courants d’eau et ou d’air et se poser directement sur ces denrées alimentaires. 

A Tchakpa-Issa, un hameau de l’arrondissement de Bariénou, commune de Djougou, à 3km environ du centre-ville de Djougou situé dans le département de la Donga, le constat est patent. Déjà à 7h 30 mn, les cossettes d’ignames et de maniocs sont séchées à même le sol au bord de la voie bitumée sur l’axe Djougou-N’Dali. Le constat a été le même à Kpassatona, une localité de Tchaourou située sur l’axe Parakou-Djougou à 30 km de la ville de Parakou. A 8 heures, les cosettes d’ignames, bouillies légèrement, sont exposées au soleil au bord de l’axe routier.  Une exposition qui n’indispose pas les passants qui oublient qu’ils en sont les  consommateurs.

Séchage sans hygiène, vies en danger

Pour l’ingénieur agronome Abdoulaye Chabi Issa Chabi,  le séchage des aliments contribue à la conservation des produits alimentaires afin de les rendre disponibles aux consommateurs dans le temps. Facilement périssables, explique-t-il, il va falloir maintenir alors une certaine humidité pour éviter que ces produits soient attaqués par les microbes ou autres choses. C’est pour cela, poursuit l’agronome, pour faciliter la conservation de certains produits comme les céréales, les légumineuses, les tubercules et racines, les agents de la direction départementale de l’agriculture demandent aux producteurs de les maintenir à une certaine humidité.

Par exemple, illustre l’ingénieur agronome, pour pouvoir éviter que les grains et les cossettes d’ignames ou de maniocs ne soient contaminés, il faut une humidité comprise entre 10 et 14 %. Pour les légumineuses, précise-t-il, il faut 8 et 10% d’humidité et pour les racines et tubercules l’humidité doit être autour de 30 et 40%.

Bien que le séchage présente des avantages, il n’en demeure pas moins vrai que les conditions ne rassurent guère. En effet, l’inobservance des normes d’hygiène sont des facteurs de risques d’intoxication alimentaire avec des conséquences collatérales, prévient Walidatou Baba-Body, assistante d’hygiène.

Selon l’ingénieur agronome Abdoulaye Chabi Issa Chabi, pour sécher les produits vivriers, il y a des conditions à remplir, ce qui n’est pas souvent respecté par ceux qui font cette pratique, c’est cela qui fait que l’on observe au bord de nos voies, les usagers, transformateurs et transformatrices, exposer les produits pour faciliter leur séchage et maintenir l’humidité aux pourcentages exigés.

En exposant les produits vivriers au bord des voies, les populations rurales se disent peut-être que ces produits sont destinés à la vente, sans s’en rendre compte quels que soient les lieux de destination, un des leurs peut les acheter, les consommer et tomber malade, a souligné l’ingénieur agronome. Quant à l’assistante d’hygiène à la direction départementale de la santé, les vendeurs et vendeuses se disent qu’il faut exposer les produits pour attirer la clientèle sans se rendre compte des risques sur la santé.  

Cette technique de séchage des produits alimentaires au bord des voies a d’énormes conséquences sur la santé des consommateurs, a laissé entendre Akassa Abdoulaye Alassane, chef division de la réglementation et du contrôle des végétaux et produits végétaux à la Direction départementale de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Les gaz d’échappement des automobiles, motos et autres engins ainsi que la poussière se déposent directement sur ces produits vivriers séchés, parfois à même le sol, a alerté le spécialiste. Les passagers émettent des crachats sur ces produits destinés à la consommation ou à la vente. Le spécialiste du contrôle des produits végétaux fait remarquer que ces éléments qui se déposent sur les vivres séchées, affectent la santé humaine avec pour corollaire des intoxications alimentaires et des maladies cancérigènes.

Les  bonnes pratiques, responsabilité de tous

Pour Abdoulaye Chabi Issa Chabi, la meilleure façon de manger sain, c’est d’éviter d’exposer des aliments dans des endroits malsains afin d’éviter également d’être victime des attaques des parasites et autres produits nuisibles à la santé des hommes et mêmes des animaux. Il est nécessaire, poursuit-il, pour tous transformateurs, d’utiliser des bâches ou des sacs de jutes loin des voies pour sécher les produits vivriers.

« Une denrée alimentaire doit être protégée et conservée en de bons lieux », a renchéri Walidatou Baba-Body avant d’indiquer que les vendeurs et vendeuses de cossettes peuvent par exemple mettre le produit dans les sacs et exposer quelques échantillons aux clients sans toutefois vendre les échantillons déjà enlevés.

Les conseillers de villages, les chefs de village et de quartiers de villes doivent aussi accompagner les agents des directions départementales de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche dans l’éveil de la conscience des populations à travers des sensibilisations afin de mettre fin à ces mauvaises pratiques à multiples conséquences, a souhaité le directeur départemental de l’agriculture.

Pour éviter le danger qui plane quotidiennement sur la santé des populations, les agents de la DDAEP organisent des séances de sensibilisations dans plusieurs communes. Ainsi, rappelle le chef division de la réglementation et du contrôle des végétaux et produits végétaux, les populations de Parakou, Tchaourou, Sinendé, sont récemment sensibilisées sur les effets néfastes du séchage des produits destinées à la consommation au bord des voies.  

En attendant les techniques modernes sans impact néfaste du séchage de ces produits, les agents en charge de la réglementation et du contrôle des végétaux, conseillent aux producteurs concernés, de sécher leurs récoltes au champ avant la consommation et la mise en vente sur le marché. Dans l’espoir d’avoir des aliments sains dans nos assiettes, ces producteurs doivent, par ailleurs, surveiller leurs récoltes séchées à la belle étoile contre notamment les animaux et les feux de brousse destructeurs.

 Par Boni N’Yô SINASSON / ABP

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